LES TROUBLES DU SOMMEIL CHEZ LE JEUNE ENFANT
La plupart des troubles du sommeil de l'enfant sont des phénomènes sans gravité. La majorité d'entre eux disparaissent aisément, de sorte que l'usage de médicament ou une prise en charge psychologique est rarement nécessaire. Le plus souvent, quelques conseils pratiques suffisent pour retrouver une situation normale.
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I. Le sommeil du nourrisson
Les conseils qui suivent contribuent à assurer la sécurité des nourrissons durant le
sommeil. Il faut, de manière attentive :
A la maison :
* Respecter le rythme de vie de l'enfant :
- Instaurer un horaire régulier de sommeil : ne pas priver le nourrisson de ses heures de sieste ou du sommeil nocturne. L'enfant privé de sa sieste risque d'être plus énervé et donc de rencontrer des difficultés d'endormissement.
- donner les repas à la demande ou à horaire fixe.
* Si la maman allaite, lui conseiller de ne pas prendre de médicament sans demander l'avis du médecin,
* Ne pas enfumer l'air que respire le bébé.
Pour le sommeil
* La chambre de l'enfant doit être :
- chauffée à une température de 18 à 20' C
- calme
- non enfumée
- humidifiée par un humidificateur si l'air de la pièce est sec
- interdite aux animaux domestiques
* Dans le lit, s'assurer que :
- l'enfant est couché sur le dos ou sur le côté, le bras du dessous tendu devant lui. Sauf avis contraire du médecin, il n'est pas placé sur le ventre.
Les études actuelles montrent que les accidents de mort subite surviennent
plus souvent chez les nourrissons couchés en position ventrale.
- le matelas est ferme et il n'y a pas d'oreiller
- les couvertures ne serrent pas l'enfant et ne peuvent pas le recouvrir
- le matelas ne laisse pas d'espace libre avec le bord en bois du lit
- les barreaux ne permettent pas le passage de la tête
- l'enfant ne dort pas avec une cordelette autour du cou
- une feuille en plastique n'est pas à proximité de son visage
- on se méfiera du 'couffin' instable, et dont le matelas est souvent trop mou.
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II. Le sommeil de l'enfant
Près de 20 % des enfants en âge de fréquenter la crèche présentent des difficultés pour induire ou maintenir leur sommeil. Ces enfants souffrent d'insomnie.
Il convient néanmoins de distinguer les fausses insomnies des vraies insomnies. Ces dernières perturbent souvent gravement la vie de la famille et peuvent exercer un effet néfaste sur le développement psychomoteur et physique de l'enfant.
1. Les fausses insomnies
Alors que certains bons dormeurs dormiront entre 8 et 11 heures (voire plus),
d'autres petits dormeurs se contenteront de 6 à 8 heures de sommeil nocturne, ils ne
seront pas pour autant des « carencés" de sommeil.
Au cours de la deuxième et troisième année de vie, l'enfant présente de fréquentes
manifestations d'opposition ou d'angoisse. Il refuse alors et retarde le coucher ou
appelle ses parents la nuit. C'est l'époque des rituels d'endormissement et des
objets transitionnels (nounours, poupée, linge) que bien des parents interprètent
comme des caprices.
Dans la plupart des cas, le médecin se contente donc de rassurer les familles, et
d'insister sur l'importance de la mise en place du cérémonial d'endormissement de
l'enfant (en veillant à ce que ce cérémonial soit le plus réaliste possible).
2. Les vraies insomnies
A partir de l'âge de six mois, un "mauvais dormeur" est un enfant qui, au moins
trois nuits par semaine ne s'endort qu'après plus de 45 minutes, s'éveille au moins
deux fois, de manière complète et ne parvient plus à s'endormir ensuite. Le trouble
est dit chronique s'il dure depuis plus de trois mois.
Les réveils fréquents suivis d'endormissements malaisés sont observés chez 20%
des enfants âgés de 2 ans et chez 10% de ceux de 4 ans. La gravité du trouble est
confirmée par l'observation du comportement de l'enfant durant la journée. Un
mauvais sommeil engendre de la fatigue, qui peut se manifester par de la
somnolence, mais aussi par de l'agitation, de l'agressivité ou par un manque
d'attention.
Lorsque l'insomnie dure depuis de nombreux mois, on peut observer un retard de la
croissance staturo-pondérale (rapport taille-poids) qui ne disparaît que si l'enfant
retrouve un sommeil normal.
3. Les causes les plus fréquentes des vraies insomnies
a) Les "malentendus" ou erreurs de comportement
La cause la plus fréquente de vraies insomnies du jeune enfant est l'existence de
malentendus dans la prise en charge de son sommeil. Ce problème s'observe
habituellement dès la naissance.
Dans la majorité des cas, les parents ont voulu satisfaire les besoins de l'enfant,
mais ont pris des habitudes qui favorisent et entretiennent les troubles du sommeil.
Un enfant s'endort dans les bras de ses parents, ou dans leur lit, ou encore en
buvant, puis qu'on reporte endormi dans son lit, se réveille naturellement une ou
deux heures plus tard. Durant ce "micro-éveil", il ne se trouve plus dans les
conditions qui étaient réunies lors de son endormissement et qui lui sont devenues
indispensables pour s'endormir à nouveau. Il va donc appeler et pleurer pour
réclamer ces mêmes conditions. C'est ainsi que la nuit, l'enfant est pris à nouveau
dans le lit des parents, promené en voiture ou qu'il reçoit parfois jusqu'à deux litres
de boissons.
Les "malentendus" peuvent trouver leur origine dans des circonstances particulières
(stress momentané, voyage, difficultés de voisinage). Plus souvent, elles sont dues
aux difficultés qu'éprouvent les parents à imposer des limites aux comportements
de l'enfant. Cette difficulté se retrouve souvent dans d'autres domaines de
l'éducation, comme l'alimentation.
Par exemple : l'enfant ne veut pas quitter ses parents et ceux-ci acceptent de rester
avec lui.
Ou bien encore l'enfant pleure durant des heures dans son lit et les parents vont
sans cesse le consoler.
Ou bien l'enfant utilise tous les prétextes du monde pour ne pas rester dans son lit
(il doit faire pipi, il a peur du loup, il a soif …) et les parents répondent à toutes ses
demandes, etc.
Le "malentendu" peut se corriger par des explications et des conseils de
réapprentissage du sommeil. Au moment du coucher, les parents respecteront un
rituel simple lorsque l'enfant sera couché dans son lit. Adoptant une attitude douce
mais ferme, les parents espacent progressivement les visites, jusqu'au moment où
l'enfant cesse de pleurer et s'endort. Le même processus est répété chaque fois que
l'enfant pleure la nuit. Normalement, le comportement de l'enfant se normalisera en
moins d'une semaine. Un enfant est devenu autonome et parvient à se rendormir
seul la nuit. Si les problèmes de "limites" au sein de la famille, ou les problèmes
personnels sont importants, le médecin préconise une aide psychologique.
Celle-ci consistera à aider les parents à comprendre le schéma de communication dans lequel ils se trouvent et effectuera un chemin avec eux afin que ceux-ci soient en mesure de gérer d'exercer au mieux leur autorité parentale.
b) Les causes physiques
Les insomnies de l'enfant peuvent parfois être dues à des causes physiques. Ces
causes sont beaucoup moins fréquentes que ne sont les problèmes de
comportement. Elles ne peuvent cependant être négligées, leur traitement amenant
une résolution rapide de l'insomnie, alors que leur négligence peut permettre
l'évolution de problèmes médicaux importants.
* Les intolérances alimentaires et les allergies
Il s'agit de la cause médicale d'insomnie la plus fréquente. Avant l'âge de trois ans,
on rencontre le plus souvent des intolérances au lait de vache. Certains enfants ne
présentent aucun signe clinique d'allergie en dehors d'une agitation diurne et d'un
sommeil fragmenté. Il existe parfois une histoire d'allergie familiale et des
antécédents de diarrhée, de changements de types de laits, de croûtes de lait,
d'eczéma, d'infections ORL ou respiratoires. Le sommeil est particulièrement court
(3 à 5 heures par nuit) et est marqué par une transpiration abondante. Le diagnostic
est suspecté lorsque le comportement de l'enfant s'améliore trois à quatre semaines
après que toute trace de protéine de lait de vache ait été exclue de l'alimentation de
l'enfant, ou de celle de la maman si l'enfant est allaité. Le diagnostic est confirmé si
l'insomnie réapparaît après la réintroduction de lait de vache dans l'alimentation. Le
régime alimentaire doit alors être suivi soigneusement, excluant toute trace de lait
de vache, sous peine de rechutes. Le régime peut être interrompu lorsque la
réintroduction volontaire ou accidentelle de l'aliment allergisant n'occasionne plus
d'éveil nocturne. Cette amélioration de la tolérance se produit habituellement avant
la cinquième année de l'enfant.
Le comportement de l'enfant peut être tellement perturbé par les effets de
l'intolérance alimentaire que les parents ont pris de mauvaises habitudes à l'égard
du sommeil. Comme pour les problèmes de "malentendus", il faut conseiller les
parents et les aider à corriger les mauvaises habitudes de sommeil.
* Les douleurs nocturnes
Dans de rares cas, l'enfant peut pleurer et s'agiter durant le sommeil parce qu'il
souffre de douleurs dues à un reflux acide de l'estomac, d'une otite chronique ou
d'une infection urinaire.
4. Les "parasomnies" ou comportements bizarres durant le sommeil
Les parasomnies, bien que spectaculaires pour l'entourage, sont le plus souvent sans
conséquence pour l'enfant. Elles ont fréquemment un caractère familial. Parfois,
les parents confondent les parasomnies avec des éveils et pensent que leur enfant
souffre d'insomnie. Les parasomnies sont alors des "fausses insomnies".
a) Les rythmies du sommeil
Lors de l'endormissement ou en pleine nuit, certains enfants se balancent de manière rythmique dans leur lit, si violemment parfois que le bruit réveille les parents. La scène peut se répéter plusieurs fois par nuit. Le matin, l'enfant se réveille dispos, contrairement à son entourage qui est exaspéré.
Les rythmies surviennent lors des phases de sommeil calme peu profond. Elles
correspondent à une auto-stimulation de l'enfant qui cherche le sommeil. Ces
rythmies surviennent habituellement durant les premiers mois de la vie et dans la
moitié des cas, disparaissent vers l'âge de 2 ans. Le traitement consiste à rassurer
les parents et à leur conseiller de réduire le bruit occasionné par les balancements
de l'enfant, par exemple en installant le matelas sur le sol.
Exceptionnellement, il s'agit de manifestations précoces d'une carence affective ou
d'un trouble neurologique, comme une épilepsie nocturne.
b) Le cauchemar
Les « rêves d'angoisse » réveillent l'enfant durant une phase de sommeil de rêve,
et ce le plus souvent en fin de nuit.
Réveillé, l'enfant se souvient des détails effrayants de son cauchemar et ne se
rendort qu'après avoir été rassuré. Ces manifestations s'observent surtout entre
l'âge de 4 et 7 ans. Les cauchemars sont favorisés par une augmentation de la
fréquence des phases de sommeil agité, comme après un épisode de fièvre.
Le cauchemar de l'enfant n'a pas de traitement. Il faut éviter les histoires ou les
films impressionnants avant le coucher. Dans la majorité des cas, la fréquence des
cauchemars diminue au cours du temps. Dans de rares cas, il faut rechercher une
origine psychologique.
c) Les terreurs nocturnes
Chez près de 5% des enfants âgés de 2 à 6 ans surviennent des épisodes
impressionnants, accompagnés de cris angoissés et d'agitation. Un enfant est pâle,
a les yeux ouverts, et ne reconnaît pas ses parents. L'incident est bref L'enfant n'en
garde aucun souvenir. Il survient durant la première partie de la nuit, en fin de
sommeil lent profond, juste avant le passage en sommeil agité. Dans la majorité
des cas, les épisodes se raréfient spontanément avant l'âge de 10 ans. Le médecin
se contente de rassurer les parents et déconseille toute forme de calmants. Si
l'histoire de l'enfant le suggère, il peut être amené à faire réaliser un électro-
encéphalogramme pour exclure la présence d'une épilepsie nocturne ou de
blocages de la respiration.
5. Les effets des médicaments
Les études épidémiologiques montrent que 6 à 15 % des enfants qui souffrent d'une
insomnie reçoivent de manière régulière des médicaments calmants. Cette habitude
est la plus fréquente dans les familles dans lesquelles un adulte se soigne par de
telles substances.
Les médicaments ont peu de place dans le traitement des troubles du sommeil de
1'enfant. Ils sont rarement utiles. Les sédatifs peuvent même exercer un effet
paradoxal et rendre l'enfant plus agité encore. Ces médicaments, s'il deviennent
efficaces à fortes doses, entraînent alors des effets indésirables durant la journée,
comme de la somnolence ou des troubles de la concentration. Certains
médicaments sont parfois encore plus dangereux. L'exemple des phénothiazines,
leur rôle potentiel dans la survenue des apnées obstructives et des accidents de mort
subite, nous rappelle que des médicaments en apparence inoffensifs peuvent
entraîner des accidents graves durant le sommeil.
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BIBLIOGRAPHIE
Le Guide de médecine préventive du nourrisson et du jeune enfant, O.N.E
L'efficacité et la sécurité du sommeil du jeune enfant, brochure O.N.E.
A propos du sommeil de votre enfant…et du vôtre, brochure O.N.E.
Dossier réalisé par le Serivce Communication et le service Educaction Santé de l'ONE
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